Elle s'effondra sous le choc. Encore ! Cela recommençait. Encore, toujours.... Quelque chose changeait et elle ne savait quoi. Alexis, un ami, avait disparu. Encore, toujours. Elle pleura ce jour-là, beaucoup.... Elle hurla aussi et on eu tout le loisir d'entendre ses cris lancinants dans tout le collège. Le CPE lui avait annoncé pour la deuxième fois qu'un ami avait disparu.... Ou été enlevé... Personne ne le savait. Il s'était endormi et le matin... il n'était plus là. Pareil pour Dylan. Un sorte de bulle, de cocon, se forma autour d'elle, l'isolant de tous, la tuant à petit feu. La bulle l'étouffait petit à petit, la rendant sourde et aveugle au monde extérieur. Ses autres amis étaient dans le même état. La prof de maths avait été gentille, elle avait compris, elle les avait réunis au fond de la salle. Marie avait été l'une des première à le savoir et elle avait dû l'annoncer aux autres. Et tous ils remerciaient cette prof. Elle avait demandé aux élèves de réunir des tables au fond et avait abandonné les éplorés dans leur coin, gémissant et pleurant, se réchauffant les uns contre les autres.... Ils tremblèrent se remémorant leurs souvenirs avec les deux autres.... La journée passa sans se bousculer, la lenteur du temps la surprit un peu.... et sa demi-conscience reprit le dessus, la plongeant dans ce sommeil si profond dont seul pouvait l'en sortir Aud. Aud, la meilleure amie d'Alexis, Aud, qui était malade, Aud, qu'elle devra prévenir...
12h, elle fut renvoyée chez elle comme les autres.... Ils n'étaient plus en état de suivre leurs cours. Elle sortit monotonement du collège. Plus rien n'avait de goût, plus rien n'avait de couleur... Elle marcha, non, elle traîna sa carcasse vide jusqu'au marché. Puis là, elle décrocha son téléphone.

-Allô Maman ? Je... Je... Le meilleur ami d'Aud à disparu je.... je vais lui annoncer... Je peux ?

Sa voix trembla tout de même un peu sur la fin. Ce qu'elle ne lui avait pas dit, c'est qu'elle avait peur. Peur de rentrer à la maison. Peur d'être seule, peur de n'avoir personne à qui parler dans ces heures sombres. Peut-être avait-elle peur aussi de faire un connerie.... Ou alors que son amie n'ait pas le soutien qu'elle avait eu de la part des autres... Elle se dirigea donc chez son amie, elle sonna et dit d'une faible voix entrecoupée de sanglots :

— Je... Je viens t'app... orter les devoirs...

On lui ouvrit. La petite brune s'avança dans les escaliers, chaque pas pesant lourdement sur les marches. Elle arriva enfin en haut et fut accueillie par la mère de son amie. Elle lui expliqua en aparté la situation, disant au passage qu'elle voulait rester et qu'elle l'aiderait à surmonter. Là non plus elle ne disait pas qu'elle avait besoin d'une présence réconfortante.
Après son passage chez son amie, agrémenté de larmes des deux jeunes filles, elle rentra chez elle. Maman lui fit couler un bon bain chaud et lui servit un grand chocolat. Et se laissant bercer par l'amour maternel elle s'endormit, rêvant qu'elle devenait un loup. Sa liberté, sa vie entière.... Elle faisait un magnifique rêve. Elle était libre, elle avait tout oublié, sa chevelure volait, elle n'avait plus mal, les couleurs revenaient, la vie s'insufflait de nouveau en elle.


Elle se réveilla d'un coup. Un mauvais rêve, tout cela n'était qu'un mauvais rêve... Elle allait tout retrouver, tout allait redevenir normal. Alex serait là, Aud aussi, Dylan aussi et rien de tout cela ne se serai passé. Elle regarda l'horloge.... HUIT HEURES ??!!! Elle était en retard ! Elle sortit, oh ! Elle était tout habill.... euh nan, elle portait juste son manteau. Elle attrapa son sac et le mit sur son épaule. Elle arriva sur la place du marché et regarda l'heure sur l'horlo... l'HORLOGE ??! Il n'y en avait pourtant jamais eu ici ! Mais, ne remarquant rien, oubliant même pourquoi elle marchait, elle avança. Les oiseaux pépiaient. La lumière orangeâtre des belvédères balayait la rue entourée de platanes. Sa tête tournait... Ces oiseaux.... Ces maudits oiseaux.... Elle pesta et, vacillante, fini par tomber. Elle s'évanouit.


Ses grands yeux bleus s'ouvrirent sur ce monde d'automne. Alors, la jeune fille se leva. Elle porta la main à sa chevelure coiffée en couettes. Elle se sentait libre.... Elle ne se rappelait plus de rien... Et pourtant cela ne l'embêtait pas. Elle n'avait comme pas envie de se souvenir. Elle resta allongée, nue sous son seul manteau, dans les feuilles mordorées de la saison de mort. Elle glissa une main dans une de ses poches et y trouva un petit bout de papier plié en quatre. Il y avait deux noms écrits dessus : Blair et Salem.... une boucle mal faite dessinait aussi un "a" à la fin du mot. Blair Salema donc. Elle décida que se serait son nom. Et sur cette pensée, elle s'endormit...
Ce fut la lune rousse qui, en balayant son corps de sa belle lumière, la réveilla. Elle se sentait observée, non, elle était observée. Deux garçons aux intentions plutôt malhonnêtes la regardaient avec une lueur lubrique dans l'œil. Il lui dirent de rester tranquille, de se laisser faire. Il lui dirent aussi qu'elle allait aimer ce qu'ils lui feraient... Ils s'approchèrent dangereusement et elle devint alors comme folle. Ce fut sa première transformation. Les griffes percèrent sa peau, ses doigts explosèrent, le sang gicla. Et tout fut noyé sous un déluge de sang et de poils. Les deux hommes coururent. Elle les rattrapa. Elle fut la silhouette nue qui rattrapa ses proies, elle tua, elle tomba de l'autre coté, du coté sombre. Et le chant du sang commença, remplaçant celui de l'automne.
Et ainsi furent perpétués les premiers meurtres.

Premier jour {Akihito} L'ennui est le plus mortel des maux...

Akihito mangeait sa tartine d’un air morose, faisant à peine attention à la jolie servante qui venait de lui servir son café. Autant vous dire qu’il n’était pas dans son état normal.
Dame Menta regardait la scène, perplexe, et commençait à s’inquiéter pour son état de santé : était –il malade ? Déprimé ? Peut-être s’était-il encore pris un râteau ? Ou une baffe d’une de ses nombreuses conquêtes ? Mais d’habitude, cela ne lui faisait ni chaud ni froid, et au pire il se réconfortait au près d’une autre, tout simplement.
Inconscient de l’inquiétude de sa tante, le jeune homme termina son petit-déjeuner et sortit de la pièce avec un « Je vais me promener. » inexpressif.

Le mal qui rongeait Akihito n’avait rien à voir avec sa vie amoureuse chaotique. Il était à la fois beaucoup plus banal et beaucoup plus difficile à soigner que cela. Il s’ennuyait, tout simplement. Il s’ennuyait à mourir. Rien ne se passait. Son quotidien était plat, terne, sans couleurs. Même les constantes demandes de duels et les vociférations outragées des fiancés/tuteurs/mère-poules de ses conquêtes d’un jour ne le divertissait plus. La veille, une espèce de bonne femme qui ressemblait plus à un rhinocéros qu’autre chose avait essayé de l’assommer avec une poêle à rire sous prétexte qu’il avait soi-disant « brisé le petit cœur fragile de sa pauvre petite Catarina ». En temps normal, il se serait amusé à énerver deux fois plus la grosse dondon, histoire de vérifier si un rhinocéros en colère pouvait effectivement biser net un tronc d’arbre, comme le prétendait son professeur de biologie.
Là, il s’était contenté de dire sur un ton qui montrait son intérêt pour le problème qu’il ne connaissait pas de personne nommée Catarina, ou alors qu’il l’avait oublié, ce qui revenait au même. Et il avait ordonné d’un geste aux gardes du comtes de reconduire la furie chez elle.

Marchant dans les rues agitées de la petite ville, Akihito ressassait ces sombres pensées, aussi sombre que si le ciel menaçait de s’écrouler sur sa tête. La plupart des personnes qu’il croisait sans leur prêter la moindre attention possédait sûrement des problèmes de plus grande envergure, et ne se plaignaient pas pour autant. Mais lui, petit noble pourri gâté, déprimait de n’avoir rien à faire pour l’occuper, inconscient du fait que les trois-quarts de la population paierait pour pouvoir passer une journée à glander comme lui.
C’est en arrivant aux limites de la ville, en bordure de la forêt que le jeune homme aperçut enfin quelque chose qui attira son attention.
Des badauds étaient massés en cercles autour d’un homme d’âge moyen qui vociférait, visiblement bouleversé et furieux à la fois.
L’idée que quelque chose de grave ait pu se passer n’effleura pas l’esprit du garçon. Sa seule pensée fût : « Enfin, il se passe peut-être quelque chose d’intéressant ! »
Il se rapprocha jusqu’à ce que la foule l’empêche de continuer, et crocheta par le col un gamin avant de lui demander ce qui justifiait un tel rassemblement.

- Les frères Hucher ont été retrouvés morts dans la forêt ! s’écria le gamin, l’air horrifié.

Pas la moindre étincelle de compassion ne traversa le regard d’Akihito. Pour toute réponse, il marmonna :

- Ces deux imbéciles pornographes ? Bah, c’est pas une grosse perte ! Je ne vois pas pourquoi les gens se mettent dans un tel état. Ça devait arriver, de toute façon, même moi j’ai parfois eu des envies de meurtre rien qu’en les regardant.

Le gamin écarquilla les yeux, visiblement choqué par la réponse, et s’éclipsa rapidement après avoir murmuré un « Excusez moi» mécanique.
Avec un soupir, Akihito fendit la foule jusqu’à arriver devant l’homme qui continuait, infatigable, son monologue enflammé. Le jeune homme finit par le replacer : il s’agissait du père des deux morts, le tenancier de l’auberge la plus fréquentée de la ville. Gros, le visage rendu rougeaud par la colère, la jugulaire palpitante, une veine pulsant sur son front, il ressemblait à un porc en tablier, et même ses cris faisaient penser au grognements des cochons. Un air dégoûté sur le visage, Akihito l’interpella sèchement :

- Je peux savoir pourquoi vous faites tout ce vacarme ?

L’homme se retourna, prêt à aboyer, se retint quand il se rendit compte qu’il avait en face de lui le neveu du Comte, et pas un vulgaire paysan qu’il pouvait rabrouer selon son gré, s’étrangla à moitié, stoppant net sa tirade, et pour finir émit un couinement pathétique en tentant de reprendre son souffle. L’énervement d’Akihito monta d’un cran, et une lueur d’agacement fit son apparition dans son regard orangé. L’homme en face s’en rendit aperçut, et se racla la gorge avant de répondre sur un ton vaguement craintif mais résolu :

- Mes… mes fils ont été sauvagement attaqués ! Ce massacre n’a pu être perpétué que par une bête sauvage et sanguinaire, une créature du diable, un… un monstre ! J’ai l’intention d’organiser une battue pour éliminer cette abomination !

Akihito fronça les sourcils.

- Dans quel état étaient les corps ? demanda-t-il sans états d’âme.

L’autre blêmit, et se referma sur lui-même.

- Vous irez voir vous-même. Ils sont à un kilomètre vers l’ouest. Ils n’ont pas encore été déplacés…

Le jeune homme hocha la tête, ne relevant pas la réponse sèche qu’il aurait pu considérer comme une impertinence, et se retourna en direction de la forêt. Il remarqua à ce moment que tous les badauds avaient les yeux fixés sur eux, visiblement friands d’une confrontation entre un noble et un inférieur. Il eut un reniflement dédaigneux. Tous des commères, tous à attendre que quelque chose se passe, pour pouvoir ensuite se vanter d’avoir assister à LA scène.
Malgré tout, il lança avant de quitter la place à l’intention de l’homme au centre de l’attention :

- Vous n’avez aucun droit d’organiser une battue sans l’autorisation de mon oncle. De plus, vous n’avez aucune preuve de ce que vous avancez. Attendez de voir comment le choses évoluent, plutôt.

Après avoir marché pendant dix minutes environ, Akihito tomba sur les cadavres, presque littéralement. En fait, il faillit trébucher contre eux, et s’arrêta de justesse, à quelques centimètres du premier des deux corps.
Il ne put retenir une grimace de dégoût. En effet, ils étaient dans un sale état. C’était forcément l’œuvre d’un lycanthrope, ou d’un hybride particulièrement puissant et hargneux.
Mais il ne voyait pas à qui pouvait profiter le double meurtre. Cela risquait de provoquer une guerre entre races, rien de plus. C’était… intéressant. Très intéressant. Enfin quelque chose qui méritait son attention. Un mystère à résoudre.
Le jeune homme se promena pendant deux heures dans la forêt, à la recherche de l’individu qui avait pu perpétuer le massacre, mais finit par rentrer bredouille au château.
Enfin, pas tout à fait bredouille, en fait : l’état quasi-amorphe dans lequel il était depuis quelque jours l’avait quitté.
« Il faudra que je remercie le meurtrier, avant qu’il soit exécuté, tout de même. » songea-t-il avant de sombrer dans le sommeil.

Le jour Second {Blair}: Meurtre dans la Vallée Sucre d'Orge.

La pâle lueur du soleil se refléta dans ses cheveux ébènes. La brise fraiche et matinale revigora son corps endolori. Elle s'étira et se leva, regardant tendrement les corps auprès d'elle. L'un était totalement défiguré et l'autre.... lacéré. Elle grogna un peu, une croute de sang plus ou moins coagulé craquais lorsqu'elle bougeait. Elle se remémora la nuit avec délices. Elle avait écouté l'automne chanter et avait suivi les deux pervers pour leur coller une baffe. Bien sur, lorsqu'elle les avait rattrapés, le sang de leur pied chantait encore plus fort. Quelque chose l'appelait... son... instinct ?? Il avait été fort.... Très fort.... Elle n'avait pas put résister. Elle avait tué le premier et l'avait labouré de ses griffes. Et l'autre avait essayé de s'enfuir. Mais avant, il l'avait tripotée. Le sang lui donnait faim.... elle s'était transformé et l'avait défiguré à coup de griffes, vivant. Bon, passons ces détails plutôt gore. Blair se leva donc et décida de prendre un bain.... Ou une douche... Enfin de se débarrasser de la pellicule de sang sur son corps. Mais son idée fut tout de suite interrompue par l'arrivée de gens. Une femme hurla et s'évanouit. Blair rigola, ce n'était pas un spectacle trop gore.... Enfin, elle trouvait... Après, c'était l'avis d'une Lycanthrope. Un homme se jeta au pied des deux garçons en les appelant "Mes enfants" et se retourna pour vomir. Puis, petit à petit, la foule s'agrandit. Un couple arriva, puis des enfants, puis un vieillard... Elle vit défiler devant ses yeux la quasi-totalité des membres du village. Tous écœurés, révoltés et apeurés. Leur trouille laissait un agréable gout sur sa langue. Le père des deux victimes rassemblait les gens à sa cause. Il vociférait des injures, des menaces, des promesses sans savoir que la frêle et chétive jeune fille qui avait commis ces meurtres était cachée derrière les arbres en lisière de forêt. Elle senti monter une bouffée de panique monter en elle lorsqu'il expliqua qu'il brulerait vif le monstre qui était responsable. Et soudain, tout le monde se tut. Une sorte de respect, ou de crainte, se mélangea à la foule. Un jeune homme sorti d'entre les gens. Elle croisa la flamme de ses yeux et faillit hurler de terreur. Son instinct, celui qui l'avait poussé à tuer, son instinct animal, lui disait que ce gars était dangereux. Elle qui était sensée être the prédateur se voyait confrontée à plus fort. Elle ne chercha pas à comprendre et s'enfuit, non sans oublier de faire du bruit, et pesta intérieurement contre sa maladresse habituelle. Elle partit alors à toute jambes. Elle ne voulait jamais revoir ce démon roux, jamais !... Elle avait peur et c'était la première fois depuis son arrivée.
Elle se balada jusqu'à tomber dans un petit vallon où les libellules étaient faites de brioche, où les fruits étaient confits, où l'herbe était sucrée, où l'écorce était de caramel et où on goutait à la réglisse lorsque l'on coupait une branche à un arbre. Au centre, un petit lac, alimenté par une cascade de quelques mètres. Elle s'approcha de l'eau du lac et y trempa un doigt. Elle gouta. Mhhhh... Un petit gout de soda... Après tout, pourquoi pas.... De l'eau sucrée, on avait tout vu. Mais bon, autant en profiter non ? Elle enleva son manteau et, pour la première fois, se détendit. Elle détacha ses longs cheveux, se rendant compte par la même occasion qu'ils lui arrivaient aux genoux, et se glissa sous a cascade. L'eau ruisselait sur son corps et le long de ses cheveux en laissant une petite odeur de sucre. Bizarrement ça avait le gout du sucre, ça avait l'odeur du sucre mais ça ne collait pas comme le sucre. Elle commença à chanter un petit air qui lui venait de..... d'elle ne savait où. Elle attrapa son manteau, décidant qu'il avait aussi besoin d'un bon bain, le déplia et commença à le laver. C'était la seule chose qui lui permettait de se "rappeler" de son ancienne vie. Enfin rappeler, un bien grand mot. Mais elle s'y rattachait, elle voulait se rattacher à la maigre part d'humanité qu'il restait en elle. Bien sur Blair n'entendit pas le bruit des femmes arrivants. Des lavandières... Sauf que le hic c'est qu'elles étaient cinq. Oui, cinq pour laver du linge et récupérer de l'eau. Elles commencèrent à papoter et, en arrivant, elles hurlèrent. Effectivement quand on voit du sang qui se déverse dans une marre-soda, ça fait peur. De plus ses grand yeux bleus apparaissaient et disparaissaient derrière la cascade. Alertée par les cris, Blair sortit à moitié, légèrement cachée, oreilles et queue au vent. Les femmes la regardèrent avant de se jeter sur elle.

-Alors c'est toi qui à tué mes enfants ?!!
-Démon !
-Attrapons-là et faisons-lui la peau !
-Non ! Il faut l'emmener au village ! Et après on la brûlera !!

Ooop's elles étaient en colère non ? La mère des "enfants" reprit la parole en brandissant un battoir.

-Non, on la tue maintenant !!

Euh... Maintenant ? Parce qu'ils contaient la tuer ? Super ^^".... Elle se baissa et attrapa un caillou-berlingot et le jeta, avec sa force surhumaine, sur une des filles qu'elle crut avoir tué ensuite elle sortit complètement de l'eau et se présenta à ses "hôtes"... Ses yeux bleus devinrent électriques. Et pourtant, elle eu beau faire le maximum, le pouvoir ne vint pas. Elle regarda alors le soleil. Il faisait jour, c'était ça... Le jour, pas la nuit, le soleil, pas la lune.. Elle se transforma en hybride et avec ses griffes déchiqueta deux autres. Elle se retourna et tua la mère et.... euh, surement sa fille. Une fois son crime commis elle décapita le corps de la femme. Elle prit son manteau à elle et courut le plus loin, sans savoir qu'elle n'avait pas totalement tuée la première, mais que celle-ci ne l'avait pas vraiment vue.
Et le second meurtre fut perpétué.

A peine réveillé, Akihito se rua hors de son lit, s’habilla en un clin d’œil et sortit du château sans prendre le temps de déjeuner, le tout sous l’œil médusé de Dame Menta, qui n’y comprenait plus rien. Un jour déprimé, l’autre survolté ? Elle secoua la tête, songeant que ce devait être la crise d’adolescence.

En fait, le jeune garçon était simplement impatient de savoir où et quand avait eu le nouveau meurtre, et qui était la victime. Comment savait-il qu’il y avait eu un second massacre ? Il ne savait pas, il supposait, et espérait. Il aurait été extrêmement déçu si le meurtrier s’en était tenu là.
Mais à son grand bonheur, lorsqu’il atteignit la place où s’était tenu le rassemblement la veille, celle-ci était à nouveau bondée. Les gens semblaient nerveux, certains était même au bord de l’hystérie.
Akihito s’enquit poliment de la situation, savourant par avance la réponse. On lui apprit que 5 femmes avaient disparu depuis la veille au soir. On en avait retrouvé une le matin même dans la forêt, blessée à la tête et délirant à propos d’une fille-monstre au cheveux noirs. Bien que l’on ait rien pu tirer de plus de sa part, plusieurs hommes étaient déjà partis à la recherche des 4 autres potentielles victimes. Il s’avéra que la femme et la fille de l’aubergiste de la veille faisaient partie des disparues.
Ayant toutes les informations qu’ils désirait, Akihito hésita à partir à son tour à la recherche des corps – oui, il avait déjà relégué les femmes au rang de cadavre, n’envisageant pas qu’elles puissent être vivantes. Il finit par abandonner l’idée. La forêt était vaste, et de nombreuses vallées l’entouraient. Il ne ferait que perdre son temps. Afin d’utiliser efficacement celui qu’il possédait à ce moment, il réfléchit à ce que les villageois lui avaient appris. « Un monstre-fille au cheveux noirs », à moins que ce ne soit l’inverse… Cela allait dans le sens de sa théorie du lycanthrope. Peut-être en voulait-elle à l’aubergiste et à sa famille. Peut-être était-ce une sorte de vengeance. Ou alors elle était juste un peu psychopathe sur les bords, qui sait. Dernière option, elle ne contrôlait pas ses métamorphoses, et donc tuait tout à fait accidentellement. Possible aussi.
Sa réflexion fut interrompue par un mouvement de foule. Akihito aperçut un homme qui arrivait de la forêt. Le visage défait, pâle, on pouvait lire la peur dans ses yeux.
Il attendit d’arriver au centre de la place avant de se décider à ouvrir la bouche. Toutes les personnes présentes, l’adolescent compris, étaient suspendus à ses lèvres.
Finalement, il laissa tomber un seul mot, le cracha presque, comme s’il voulait s’en débarrasser au plus vite.

- Mortes.

Des hurlements, des pleurs, la peur et la colère dans les yeux des badauds, Akihito n’y fit même pas attention. Il écoutait la suite de la discussion. Un homme avait demandé où et dans quel état se trouvaient les corps.

- Dans la vallée Sucre d’Orge. Décapités, lacérés, déchiquetés… Je ne vais pas vous faire un dessin…

Tous grimacèrent, Akihito compris. Sauf que la raison n’était pas la même.

- Décapités ? répéta une femme, l’air horrifié.
- Lacérés ! Mais c’est un monstre ! déplora une seconde.
- Il faut faire quelque chose. Ca ne peut pas continuer ! lança un homme.

Se rendant compte de l’expression mi-horrifiée mi-dégoûtée du jeune noble, ils se tournèrent vers lui, attendant sa réaction. Ils n’allaient pas être déçus.

- Je suis d’accord avec vous, c’est tout simplement abominable…

Ils hochèrent tous la tête, soulagés que le jeune homme abonde dans leur sens. Malheureusement, il n’avait pas fini sa phrase.

- … La Vallée Sucre d’Orge… Comment peut-on avoir si mauvais goût ? Commettre un meurtre au milieu de ces sucres d’orges colorés et ces bonbons bariolés… C’est tout simplement ignoble ! Quand je pense que je vais devoir aller là-bas pour inspecter les cadavres… Aah, j’en ai la nausée rien que d’y penser !

Déçus, mais peu surpris, les villageois poussèrent des soupirs las, et commencèrent à s’éloigner. Peu à peu, la place se vidait.
Finalement, ne resta que le jeune démon et l’aubergiste, atterré.
Alors qu’Akihito s’éloignait, prenant à contrecœur la direction de la Vallée tant détestée, l’homme le rattrapa, les yeux fiévreux.

- Attendez, s’il vous plaît ! Vous ne pouvez pas laisser les choses comme ça ! Il faut traquer et tuer ce monstre ! Ou il va recommencer… Laissez moi organiser une battue ! Je dois venger ma famille… et protéger celle qu’il me reste… Ma petite Helena… Vous n’avez qu’à donner votre autorisation… Ou convaincre votre oncle…

Agacé, Akihito agita la main comme il le ferait pour écarter une mouche qui bourdonnerait à ses oreilles.

- Vos bégaiement me fatiguent. Et ne soyez pas trop pressé de vous retrouver face au monstre, comme vous dites. Si ça se trouve, vous êtes le prochain sur sa liste, et vous allez le rencontrer bien plus tôt que prévu.

La lueur de peur qui s’insinua dans le regard de l’homme amusa beaucoup le jeune homme. Les humains étaient si faibles et si craintifs. Un rien suffisait pour que leurs belles et courageuses idées ne s’évaporent. Cependant, il savait qu’il ne pourrait retarder la battue beaucoup plus longtemps, sous peine de devoir faire face à un soulèvement des paysans. Entre le monstre et les gardes du comte, entre deux menaces, qui sait ce qu’ils préféreraient. Il finit donc par répondre :

- Je vais faire des recherches moi-même aujourd’hui. Si cela ne donne rien, et si d’autres… incidents se produisent, vous pourrez organiser autant de battue que vous le voudrez à partir de demain. Avec pour condition de ne pas tuer le monstre avant que je ne l’ai vu et entendu. C’est bien compris ?

Sans attendre la réponse, il s’éloigna à pas vifs dans la forêt. Il avait décidé que plus vite il arriverait dans l’immonde vallée, plus vite il en sortirait.

Une fois arrivé, il ne s’attarda pas longtemps sur les corps. Il constata juste qu’il étaient en effet dans un sale état, et qu’un lycanthrope pouvait très bien être l’auteur d’un tel massacre. Et quitta rapidement le charmant vallon, avant d’être saisi d’intentions meurtrières à l’encontre des libellules briochées.

Il erra ensuite dans la forêt. Il savait que si un loup garou voulait ne pas se faire remarquer de lui, il y arriverait sans problèmes tant qu’il restait à une distance raisonnable. Aussi était-il plutôt pessimiste sur ses chances de réussir à attraper le tueur aujourd’hui.
Au bout d’un moment, il s’assit sur une souche d’arbre. Quand le silence fut bien installée, il cria tout à coup :

- Hé ! Le meurtrier ! Tu m’entends ? Si tu veux un conseil, tu ferais mieux de te montrer maintenant ! Parce que demain, tu auras la moitié de la ville à tes trousses, et crois-moi, même des humains peuvent devenir très dangereux quand ils ont peur pour leurs petites personnes ! Alors ou tu sors maintenant et je pourrais éventuellement te protéger contre leur colère, ou tu reste caché et ton espérance de vie se ralentit ostensiblement !

Il écouta ensuite pendant quelques minutes. Personnes ne vint, d’ailleurs il n’avait pas vraiment espéré une réponse. Il voulait juste que le tueur soit au courant, afin que le battue du lendemain soit un petit peu plus intéressante qu’une simple chasse suivie d’une mise à mort.
Il finit par rentrer au château, et s’endormit ce soir là avec la certitude que c’était demain que tout allait se jouer.

Le jour troisième: C'est bientôt déjà la fin...

Blair se leva le corps ensanglanté. Pfff... Une autre douche ne lui ferait pas de mal.... Elle se replongea dans l'eau fraiche pour se débarrasser de la pellicule de crasse sur son corps. Elle se relava tranquillement et pensa immédiatement au village. Mais oui ! S'ils la cherchaient, ils ne la trouveraient pas aussi proche du village ! Bon elle devait l'avouer, en fait, son sort l'inquiétait... Elle ne pouvait pas rester là sans savoir ce qu'il allait advenir d'elle... Non, là aussi c'était un mensonge. En fait, elle voulait aussi voir ce garçon qu'elle avait aperçu... Elle voyait en lui une planche de salut et elle était... curieuse... Toujours trop curieuse. Elle ne put donc s'empêcher de s'approcher du village. Elle arriva en même temps qu'une jeune fille qu'il lui semblait reconnaitre... H.... Hein ?! Non !! Mince !! Elle avait laissé une témoin. La fille qu'elle avait assommée n'était donc pas morte... Elle... Elle l'avait laissée en vie ? La jeune fille divaguait complètement parlant d'un monstre-fille aux cheveux noirs. Réflexe idiot, elle attrapa une de ses mèche de cheveux pour vérifier de quelle couleurs ils étaient. Effectivement, réflexe très idiots puisqu'ils s'avérèrent être bel et bien noirs ^^. Elle ne put approcher plus mais entendit toute la conversation. Les gens s'agitaient en essayant de savoir ce qu'il se passait, où étaient passés les autres, si elle vivaient encore... Ah ça non ^^. Elles étaient mortes et bien mortes celles-ci. Le démon roux fendit alors la foule, de nouveau. Ils s'avança un sourire au lèvre et posa plusieurs question. Tout d'un coup quelqu'un sortit des broussailles. Un autre garçon, encore, et il avait pas l'air bien, du tout. Il était tout pâle, c'était très drôle à voir. Il laissa échapper un mot complètement horrifié.

-Mortes

Et il laissa ceci pour dit. Elles étaient morte et le brouhaha reprit encore plus de douleurs dans les voix. Les villageois pleuraient, criaient, hurlaient...
Le jeune homme roux sortit de la, le respect l'entourant se renforçant auprès des autres, et posa la question. Oui oui, il demanda des détails. Prévenue par une sorte de pressentiment Blair se jeta derrière un arbre lorsque l'un des villageois se tourna vers elle. Elle n'entendit pas la suite ... Elle se retourna alors et reprit le fil de la conversation. Elle aimait être une lycan... Elle pouvait tout entendre de très loin ^^ . Elle se re-rapprocha assez pour entendre la suite.

- Je suis d’accord avec vous, c’est tout simplement abominable

Bon ben voilà, la planche de salut venait de la condamner au grand saut libre. Elle n'y croyait pas... Elle allait... mourir ? C'était tellement dommage... Elle aurait aimé vivre dans ce village sans avoir à tuer... Oui mais voilà, à cause de deux imbéciles qui voulaient la... vio... bref... elle allait devoir mourir. Tout les gens acquiescèrent, contents que l'homme soit de leur coté. Aussi furent-ils très surprit quand celui-ci rajouta :

- … La Vallée Sucre d’Orge… Comment peut-on avoir si mauvais goût ? Commettre un meurtre au milieu de ces sucres d’orges colorés et ces bonbons bariolés… C’est tout simplement ignoble ! Quand je pense que je vais devoir aller là-bas pour inspecter les cadavres… Aah, j’en ai la nausée rien que d’y penser !

Ah... Ben non c'était bien une planche de salut. Enfin, comment pouvait-il dire qu'elle avait mauvais gout ?! Non mais, c'était pas sa faute si elles l'avaient attaquée alors qu'elle prenait une douche. Non mais ! Il avait l'air de penser qu'elle était psychopathe mais c'était pas vrai ! Elle avait juste donné une bonne leçon à deux mecs qui allait la... la tuer, parfaitement ! Parce qu'elle se serait suicidée nah !! Et puis voilà, non mais !
Les gens râlèrent et partirent alors que l'aubergiste restait pour parler au démon.

- Attendez, s’il vous plaît ! Vous ne pouvez pas laisser les choses comme ça ! Il faut traquer et tuer ce monstre ! Ou il va recommencer… Laissez moi organiser une battue ! Je dois venger ma famille… et protéger celle qu’il me reste… Ma petite Helena… Vous n’avez qu’à donner votre autorisation… Ou convaincre votre oncle…

Houplà, la elle nageait complètement. Non mais c'était quoi ce gars ?? Son oncle ? Mais que venait faire son oncle dans l'histoire hein ? Elle était sur le comté de qui ? De l'oncle du garçon ?? Lui même ?? La migraine commençait à pointer le bout de son nez, là, elle ne comprenait plus rien .

- Vos bégaiement me fatiguent. Et ne soyez pas trop pressé de vous retrouver face au monstre, comme vous dites. Si ça se trouve, vous êtes le prochain sur sa liste, et vous allez le rencontrer bien plus tôt que prévu.

Ah ben dites donc, quel ego surdimensionné. Prétendre pouvoir penser à sa place ?? Bien sur elle n'avait pas de victimes. C'était le fruit du hasard s'il avait fallu qu'elle tue les deux fils de l'aubergiste, plus sa femme, plus sa fille. Elle avait intérêt à pas s'attaquer à son autre fille sinon elle allait être exécutée pour avoir tuée toute une famille... Et puis... Les hommes devenaient dangereux lorsqu'ils étaient confrontés à la solitude. Ils deviendrait fou sans sa fille. Il la traquerait, il la torturerait alors qu'elle n'avait fait que se défendre. Le roux s'arrêta et reprit sérieusement.

- Je vais faire des recherches moi-même aujourd’hui. Si cela ne donne rien, et si d’autres… incidents se produisent, vous pourrez organiser autant de battue que vous le voudrez à partir de demain. Avec pour condition de ne pas tuer le monstre avant que je ne l’ai vu et entendu. C’est bien compris ?

Bon super... Elle décidait tout de même de le suivre, plus elle s'approchait, moins il la remarquerait. Elle le suivit jusqu'à la valley sucre d'orge . Même si un criminel ne doit jamais retourner sur les lieux du crimes, elle ne c'était pas encore faite pincée. Il s'assit sur une buche pour réfléchir et elle fit de même. Mais non, pas sur la même buche !! Elle s'assit sur une autre buche et attrapa une libellule-brioche. Elle lui arracha une aile pour pouvoir manger. Oui elle tuait peut-être des hommes mai elle n'allait pas les manger non-plus ?!! Le garçon se releva et commença à parler dans le vide.

- Hé ! Le meurtrier ! Tu m’entends ? Si tu veux un conseil, tu ferais mieux de te montrer maintenant ! Parce que demain, tu auras la moitié de la ville à tes trousses, et crois-moi, même des humains peuvent devenir très dangereux quand ils ont peur pour leurs petites personnes ! Alors ou tu sors maintenant et je pourrais éventuellement te protéger contre leur colère, ou tu reste caché et ton espérance de vie se ralentit ostensiblement !

Elle eut envie de lui crier Hé, pauv' gars ! Je sais ce que je risque tu crois quoi ?! Mais elle se tint tranquille. Toute seule, dans son coin. Il attendit mais elle n'allait pas sortir... Elle aurait pourtant du... Ç'aurait été préférable... Mais elle ne fit rien et il partit. Elle-même par la suite alla se coucher, la nuit tombait doucement mais surement et elle voulait passer sa dernière nuit tranquille. Elle trouva un arbre creux ou s'abriter de la pluie qui commençait à bruiner. Elle s'endormit alors.

Blair se réveilla au milieu de sa nuit... Il y avait un orage épouvantable. Les éclairs fendaient le ciel à tout bout de champs... et le tonnerre les accompagnaient bruyamment. Ce bruit résonnait et lui faisait une peur bleue. Elle se recroquevilla dans sa "tanière" et espéra bientôt la fin du sale temps. De plus, la pleine lune était cachée par les nuages, affaiblissant ses pouvoirs. Elle se terra dans son trou à rat jusqu'au moment ou elle vit apparaitre une grosse silhouette. L'aubergiste !! Il l'avait retrouvé et, avec cet insupportable sourire il sortit un couteau. Il l'entailla profondément. Il rit lorsque le sang gicla sur son visage et elle hurla. Voyant que les plaies se refermaient il prit trois fois plus de plaisir à la faire souffrir, bloquant la fermeture des plaies avec des branches et d'autres couteaux.Elle hurla, encore et encore... L'orage grondait et il continuait ses atrocités en riants... Elle lui adressa quelques paroles narquoises qui lui valurent d'autres entailles:

-Votre... Supérieur ne voulait-il pas me voir vivante ?

Les larmes aux yeux, elle pria quiconque passait par là de venir l'aider. Elle cria son désespoir. Elle se lamenta jusqu'à ce que les villageois arrivent à grand renfort de fourches et de torches. Ils écartèrent l'homme pour voir le corps de la frêle jeune fille sanguinolent, baignant dans la pâle lueur rouge de la lune. Elle profita du fait que l'homme soit retourné pour lui envoyer une mains pleine de griffe pour le blesser comme il venait de la blesser. Il s'effondra sans pour autant être mort. Alors, dans un dernier effort, la jeune lycanthrope se leva pour retomber immédiatement. Elle cacha son corps nu de ses mains blanches. Un éclair balaya alors son visage et ses grands yeux bleus apeurés captèrent le regard d'un jeune homme roux qu'elle suivait depuis deux jours.. Elle sourit difficilement en lui adressant un regard larmoyant, et se recroquevilla en entendant le tonnerre.

C'était sur, cette fois, elle allait mourir.

Réveil difficile. D’ailleurs, pourquoi se levait-il, au juste ? Pourquoi ne restait-il pas dans son lit à faire la grasse matinée, alors qu’il était un noble oisif, sans la moindre obligation ?
Akihito mit quelques secondes avant d’être capable de s’en rappeler. Il y avait quelque chose qu’il ne voulait surtout pas manquer… Illumination ! Le meurtre ! Ou les meurtres, enfin, l’idée avait enfin fait son chemin. Il fallait qu’il se dépêche de courir au village pour se renseigner de l’avancement des évènements. En une nuit, il avait pu s’en passer, des choses.
Jetant un coup d’œil à la pendule, il jura. 7h du matin. Beaucoup trop tôt pour son rythme biologique habituel, mais beaucoup plus tard que l’heure à laquelle il avait espéré émerger.
Le jeune homme avait horreur de s’habiller en quatrième vitesse, lui qui faisait si attention à son apparence. Mais là, il s’agissait d’un cas de force majeur. Quatre minutes et trente cinq secondes plus tard précisément, Akihito courait sur la route en direction de la forêt.

Trop tard. Il en fût pratiquement sûr en arrivant au village. Une excitation fébrile planait, les gens chuchotaient, une lueur dans le regard.
A peine avait-il fait quelques mètres qu’un homme accourut vers lui.

- On l’a trouvée ! Il y a quelques minutes ! Dans la forêt ! Les autre sont en train de s’occuper d’elle !

Trop tard. Une lueur de colère s’alluma dans le regard ambre du jeune noble.

- Espèce de crétin, même pas foutu d’appliquer les ordres ! Hors de ma vue avant que je ne te transforme en courge, ce qui serait pour toi une évolution inespérée ! cracha-t-il hargneusement avant de se précipiter dans la forêt.

Pas besoin d’une intuition hyper-développée pour arriver à l’endroit où les villageois étaient vraisemblablement en train de se défouler sur le « monstre » qui les terrorisait depuis quelques jours. Une bonne ouïe suffisait largement, étant donné qu’ils faisaient à peu prés autant de bruit qu’un troupeau d’éléphants en train d’interpréter une symphonie pour un barrissement.
« En éléphants, pourquoi pas ? Non, ils risqueraient de piétiner le village, et Tonton n’apprécierait pas… Ah, des phacochères, pourquoi pas. C’est moche, gros, stupide et ça pue. Le parfait sosie de ces pauvres rustres brutes épaisse ! »ruminait furieusement le garçon.

Enfin, il arriva dans la petite clairière bondée alors que les premières goutes de pluie annonçant le recommencement de l’orage de la nuit clapotaient. Tous les hommes étaient massés autour d’un arbre creux, dans lequel Akihito put finalement apercevoir, après avoir distribué mains coups de coudes et de pieds, une gamine méchamment blessée, avec de long cheveux noirs poissés de sang et au milieu, une paire d’yeux bleus suppliants qui vinrent rencontrer son regard de feu. Pendant quelques secondes, il soutint ce regard.
Puis, il asséna un grand coup de pied dans le tibia de l’homme devant lui pour arriver à se placer devant le groupe, s’interposant entre eux et la fille.
Un silence craintif s’installa. Ce fut le calme avant la tempête. Après les avoir jaugés de son regard hautain et méprisant, Akihito explosa :

« Bandes d’abrutis finis !!! De quel droit avez-vous osé vous acharner sur cette gamine !! Vous avez tous un Q.I. négatif et vous pensez pouvoir faire le travail de la justice, autrement dit moi et mon oncle ? Primero, vous n’êtes même pas sûr qu’elle est coupable ! Vous l’avez regardée, un peu ? C’est tout juste si elle n’a pas encore un biberon à la main ! A cet âge là, si vraiment elle a trucidé vos compères, c’était par erreur, et encore, dans certain cas, on peut même appeler ça un service rendu involontairement à l’humanité ! Ensuite, même si c’est elle, j’avais clairement ordonné de pouvoir lui parler avant que vous ne l’exécutiez ! Vous avez déjà essayé d’interroger un cadavre ? Moi oui, et c’était moyennement efficace ! Mais c’est sûr que c’est pas avec vos cerveaux de moules que vous allez pouvoir assimiler ça ! Alors vous vous taisez et vous appliquez les ordres ! Point barre ! La prochaine fois que vous désobéissez, je vous transforme tous en quiches et je les donne à vos familles pour qu’elles vous bouffe ! J’espère que vous avez bien compris, parce que je le répéterai pas ! Et maintenant, du vent, pauvres mollusques atrophiés ! ».

Conséquence de ses métaphores douteuses, la foule de villageois devint brusquement la foule de mollusque, huîtres, Bernard l’ermite, bulot et autres créatures toutes plus ridiculement atrophiées les unes que les autres ayant remplacé les hommes robustes qui se tenaient là quelques secondes auparavant. Le tout fut balayé par une forte bourrasque de vent, et la moitié des coquillages volèrent dans toutes les directions.
Ayant déversé sa colère, le jeune noble était quant à lui tout fait détendu désormais.
Il se retourna vers la fillette, c’était ainsi qu’il la voyait, et l’observa comme il aurait regardé une grenouille crevée en train de sécher au soleil. Se penchant, il s’aperçut avec un légère surprise qu’en plus d’être vivante, elle avait l’air remarquablement vive pour quelqu’un qui venait de se faire tabasser.

- Eh bien, ça n’a pas l’air d’aller trop mal. La capacité de régénération des lycanthropes, je suppose. Je les ai engueulé pour rien… Enfin, tant pis pour eux, ça les calmera, un peu.
En tout cas, debout ! On ne va pas rester ici pour discuter, c’est un peu trop glauque.

Farfouillant dans la besace qu’il avait eu le temps d’emporter, il en tira une longue cape foncée qu’il jeta en direction de la fille.

- Si tu te balades comme ça couverte d’hémoglobine, tu vas faire s’évanouir tout le monde sur ton passage. Quoique ça pourrait être marrant… Mais bon, Tonton serait moyennement d’accord, je suppose. Et puis on va essayer d’être discrets, hein ! Donc met ça, et en route pour le château.

Aucune compassion dans son regard, pas la moindre sollicitude. Juste un détachement et un intérêt relatif. Pour l’instant.
Il commença à faire quelques pas en direction du village, piétinant sans égards quelques mollusques au passage.

- T'as un nom, je suppose? Sinon, on pourra toujours t'appeler "la bête de Yume"...

Spoiler:

Le jeune homme s'approcha d'elle à grands renforts de "ouille" et de "aie" émit par les villageois lorsqu'il passait sur leurs pieds, les frappait etc... Et, chose étonnante, au lieu de l'attraper ou de la bousculer pour qu'elle le suive, comme elle le pensait, il se mit entre la jeune fille et ses assaillants en disant:

« Bandes d’abrutis finis !!! De quel droit avez-vous osé vous acharner sur cette gamine !! Vous avez tous un Q.I. négatif et vous pensez pouvoir faire le travail de la justice, autrement dit moi et mon oncle ? Primero, vous n’êtes même pas sûr qu’elle est coupable ! Vous l’avez regardée, un peu ? C’est tout juste si elle n’a pas encore un biberon à la main ! A cet âge là, si vraiment elle a trucidé vos compères, c’était par erreur, et encore, dans certain cas, on peut même appeler ça un service rendu involontairement à l’humanité ! Ensuite, même si c’est elle, j’avais clairement ordonné de pouvoir lui parler avant que vous ne l’exécutiez ! Vous avez déjà essayé d’interroger un cadavre ? Moi oui, et c’était moyennement efficace ! Mais c’est sûr que c’est pas avec vos cerveaux de moules que vous allez pouvoir assimiler ça ! Alors vous vous taisez et vous appliquez les ordres ! Point barre ! La prochaine fois que vous désobéissez, je vous transforme tous en quiches et je les donne à vos familles pour qu’elles vous bouffe ! J’espère que vous avez bien compris, parce que je le répéterai pas ! Et maintenant, du vent, pauvres mollusques atrophiés ! ».

Blar rit un peu de la première partie. Futile vengeance pour les trois jours qu'ils venaient de lui faire subir. Puis elle se renfrogna. Comment ça une gamine ? Seize ans , c'était une des seules chose dont elle se souvenait. Elle avait seize ans ! Non mais c'était pas une gamineuh !! Elle paraissait certes jeune mais pas à la sortie du biberon quand même ! En plus elle était sûre qu'il n'était pas beaucoup plus vieux qu'elle. Puis elle fit encore plus la mou. Comment ça elle ne les avait pas trucidés volontairement ? Mais si ! Bon c'était pas l'acte d'une psychopathe ni d'une serial-killeuse mais plutôt d'une jeune fille laissée à elle-même. Euh... Un service rendu à l'humanité ? Il les provoquait là ? Il faisait exprès ? Elle tendit le cou pour voir les villageois. Certains étaient cramoisis de colère. Bon M. Lecynique avait l'air d'être important mais ils pouvaient toujours se venger sur elle. Déjà essayé d'interroger un cadavre ? Ouaip, sept fois en trois jour. Elle avait demandé pourquoi on lui en voulait. On avait pas répondu. Normal. Elle s'apprêtait à demander à son sauveur de bien vouloir ne pas les énerver, au risque d'y laisser sa peau, quand se produisit un fait étrange. Les gens se changèrent en... molusques atrophiés. Elle fit tout de suite le lien entre la petite métaphore inoffensive et la transformation assez inattendue. La elle se retint d'éclater de rire. Non, sérieux, vous en connaissez beaucoup des gens qui manient les métaphores ?! Et puis, la seconde métaphore agit, balayant tout ce grand monde dans un grand vent. La bourrasque faillit faire s'envoler son précieux manteau qu'elle rattrapa et colla contre elle.
Il se pencha au-dessus d'elle et l'examina. Rougissante, elle cacha son corps avec son manteau. Il fit un petit sourire, comme satisfait de sa constatation, et se releva en disant :

- Eh bien, ça n’a pas l’air d’aller trop mal. La capacité de régénération des lycanthropes, je suppose. Je les ai engueulé pour rien… Enfin, tant pis pour eux, ça les calmera, un peu.
En tout cas, debout ! On ne va pas rester ici pour discuter, c’est un peu trop glauque.

... Plop, c'est le bruit que firent sa queue et ses oreilles en sortant précipitamment sous le coup de la colère. Comment ça elle n'avait pas l'air d'avoir trop mal ? Il avait bien regardé ?! Il était bigleux ou quoi ?! Effectivement, quand on rencontre quelqu'un de tout a fait nue, qui a passé trois jours infâmes et une nuit de tortures toutes plus douloureuse les unes que les autres, qui a encore, comme stigmates de cette torture, des couteaux restés dans les plaies, les chairs se refermant dessus, on se dit tout de suite qu'elle va bien !! Non mais ! Heureusement pour lui que cracher à la figure d'un sauveur ne se faisait pas, sinon il aurait rejoins la liste des victimes.... Et puis tuer le neveu du grand supérieur de ce... comté ? C'était pas une bonne idée... Elle se contenta de lui jeter un regard méprisant et d'attendre. Elle croisa les bras et reçut une cape en pleine poire. Toute ébouriffée Blair ressortit de l'amas de tissu.

- Si tu te balades comme ça couverte d’hémoglobine, tu vas faire s’évanouir tout le monde sur ton passage. Quoique ça pourrait être marrant… Mais bon, Tonton serait moyennement d’accord, je suppose. Et puis on va essayer d’être discrets, hein ! Donc met ça, et en route pour le château.

Ça elle s'en doutait, elle n'était pas complètement débile. Il la regarda avec un regard froid et calculateur. Elle frissonna, ce n'était pas en tuant deux pervers qu'elle devait tomber dans les bras du suivant (De pervers, hein ). Il commença à avancer vers le village. Elle s'éclaircit la gorge mais il ne l'entendit pas. Bon elle n'avait pas à espérer qu'on la porte, fallait pas rêver non plus hein ?! Enfilant son manteau puis la cape, ben oui il faisait froid de bon matin, et essaya de se relever. Voilà ou se situait le problème, à peine debout elle tomba. Les lésions étaient beaucoup plus graves qu'elles ne le pensait et ,bien qu'elle ai enlevé tout se qui empêchait les plaies de se refermer, elle ne guérirait pas si vite. Les lames avaient été plantées tant et tant de fois et si profondément qu'il avait surement réussi à rompre des ligaments et à lui briser les os. Elle resta face contre terre quelques secondes avant de retenter de se relever. En vain. Elle retomba. Voyant la silhouette partir elle décida de ne pas ramper mais de le faire travailler un peu, nah ! De sa voix douce et claire comme de l'eau de roche elle l'appela avec quelques doutes sur son nom:

-Hum... mon sauve... non trop désespéré... Monsieur Le sauveur masqué ? Je crois qu'on va avoir un problème pour rentrer.

Elle attendit qu'il se retourne pour rajouter :

-Il m'a explosé les ligaments se c*n !

Ah... Il lui avait aussi posé une question sur son nom, toujours dans l'humour elle avait "comiquisé" sa réponse :

-Blair Salema, 16 ans. Et toi ? Sinon je pourrai toujours t'appeler M. Le sauveur masqué non ?

Elle s'assit et attendit qu'on vienne lui porter secours, en espérant qu'il allait pas la laisser crever après l'avoir si chevaleresquement sauvé d'une atroce mort sans procès... Où l'amenait-il déjà ?? Dans un château ? Waaaaa... Elle allait devenir une princesse ? Euh, là sa propre naïveté la mettait mal à l'aise. Une princesse surement pas mais surement autre chose. En espérant que cela ne soit pas trop dégradant pour sa personne.

[Gomen pour les gros pavés TT.TT]

Akihito commençait à avoir sommeil. Il faut dire qu’il avait dû se lever tôt, avec toute cette histoire. Présentement, il n’aspirait qu’à retrouver la chaleur de son lit.

-Hum... mon sauve... non trop désespéré... Monsieur Le sauveur masqué ? Je crois qu'on va avoir un problème pour rentrer.

Quoi, encore ? Il se retourna, une flamme d’irritation dansant déjà dans ses yeux ocres. Il venait de lui sauver la vie, pas par bonté, mettons les choses au point, mais tout de même ! Elle ne pouvait pas tout simplement lui vouer une adoration et une reconnaissance ad vitam aeternam, et surtout se taire ?

-Il m'a explosé les ligaments se c*n !

Ah, oui, en effet, c’était gênant. Même si il n’avait jamais essayé, il se doutait que marcher avec des ligaments hors-service ne devait pas être une partie de plaisir. Il poussa un soupir de lassitude. Et voilà qu’il allait devoir la porter. Après tout ce qu’il aurait fait pour elle, elle n’aurait pas assez d’une vie pour lui rembourser sa dette. Quoique… Un début d’idée commença à germer dans son esprit.

-Blair Salema, 16 ans. Et toi ? Sinon je pourrai toujours t'appeler M. Le sauveur masqué non ?

Ahaha, très drôle. Et où elle avait vu un masque, la petite ? Enfin, pas si petite, si on comptait qu’elle avait 16 ans, et lui 17. Akihito lui aurait plutôt donné une douzaine d’année, mais il n’avait jamais été très doué pour ce genre d’estimation. Personne n’est parfait (ironie inside). Et puis, il fallait dire qu’il ne l’avait pas plus regardé que ça, partant du principe que c’était une gamine, et donc indigne de son attention.
En quelques pas, il fut de nouveau devant elle, et pour la deuxième fois, se pencha pour détailler la fille. Et dût reconnaître qu’il avait sûrement jugé trop vite. Bien que dans son état présent, elle soit plus effrayante qu’autre chose, une fois lavée, coiffée et habillée plus convenablement…
Un sourire peu rassurant fit son apparition sur le beau visage du jeune homme.
Et sans prévenir, il attrapa la jeune fille et la jeta sur son épaule, de la même manière qu’il l’aurait fait avec un sac à patate, c'est-à-dire peu délicatement.

- Akihito Ryo, mais si c’est trop long pour toi, tu peux simplement m’appeler maître, ricana-t-il en commençant à prendre la direction du château.

Oui, parce que sa petite idée commençait à prendre de l’ampleur. Mais bon, inutile de lui en faire part maintenant.

- Je ne sais pas d’où tu sors, mais tout nouvel habitant de la ville et ses environs doit venir se présenter auprès de mon oncle, étant donné que c’est lui qui dirige le comté. Au cas où tu ne le saurais pas, après ce que tu as fait, normalement, tu devrais être condamnée à mort. En théorie, c’est le comte qui décide de la sanction, mais il sera obligé de te punir pour satisfaire la colère des villageois. En gros, tu es dans une très mauvaise situation, petite.

Akihito ne laissait pas facilement tomber un surnom, elle allait devoir se coltiner le « petite » encore un bout de temps. Quant à ce qu’il avait dit au sujet de sa peine, c’était totalement vrai. Sauf qu’il y avait peut-être une autre solution pour elle. Une punition que les villageois considéreraient peut-être comme équivalente à la mort.
Oui, parce que personne n’aimait vraiment le neveu du comte, par ici, et la plupart en avaient une peur bleue. Et puis de toute façon, esclave, tout le monde savait que ça n’avait rien d’une condition facile. Alors si on associait cette condition humiliante et Akihito, ça donnait une punition suffisamment exemplaire aux yeux des villageois, et qui pouvait arranger le jeune démon.
Akihito sourit à nouveau.

Le jeune homme se rapprocha d'elle, lui montrant son visage. Son cœur rata un battement tellement il était... parfait. Depuis le début elle ne l'avait vu que de loin ou de dos... Elle n'en cru pas ses yeux, c'est vrai qu'il était assez, non soyons honnête, carrément magnifique. Deux yeux, encore heureux, d'un profond rouge où dansait une flamme attrayante. . Ses cheveux rougeoyants passaient et repassaient devant ses yeux en lui donnant un air.... parfait. Trop parfait. Comme un papillon elle était attirée par ses lèvres, la finesse de son visage, ses mains délicates... Il avait tout du parfait prédateur. Plus grand prédateurs qu'elle qui, pourtant, était une des nombreuses formes du mal sous une apparences de pretty jeune fille. Ce gars était au moins le diable. Elle eu encore plus peur lorsqu'un sourire mi sadique, mi ... quelque chose, un mélange entre perversité et satisfaction, vint déformer son visage. Là, elle aurais du fuir. Seul hic, ses jambes prendrait du temps à guérir... Plusieurs heures... Elle était coincée... D'un coup elle se retrouva ballotée dans son dos. Oui, il la portait en sac à patates. Elle allait lui crier qu'elle méritait un peu de respect mais décida de se taire et fit la moue à la place. Moue qui ne dura pas très longtemps après qu'il lui ait annoncé la couleur:

- Akihito Ryo, mais si c’est trop long pour toi, tu peux simplement m’appeler maître

Et là il ricana. Et c'était elle qui était sensée être une psychopathe hein ?? Non mais sérieux, elle se demandait dans les bras de quel gus elle avait bien pu encore tomber. Elle allait devoir se remettre à tuer ? L'appeler maitre ? En rêve ! Quoique... Non rien. Elle se rappelait vaguement de quelque chose... une... voix. Surement sa mère mais elle ne s'en rappelait pas vraiment... Enfin cette voix lui disait de courir... C'était plus fort qu'un instinct... Elle devait partir. Quelqu'un quelque part lui avait conseillé de s'enfuir si on lui demandait d'appeler quelqu'un maitre.... Apparemment c'était pas bon pour sa santé. Il continua de marcher le long du chemin pendant qu'elle se balançait piteusement dans son dos:

- Je ne sais pas d’où tu sors, mais tout nouvel habitant de la ville et ses environs doit venir se présenter auprès de mon oncle, étant donné que c’est lui qui dirige le comté. Au cas où tu ne le saurais pas, après ce que tu as fait, normalement, tu devrais être condamnée à mort. En théorie, c’est le comte qui décide de la sanction, mais il sera obligé de te punir pour satisfaire la colère des villageois. En gros, tu es dans une très mauvaise situation, petite.

Petite ?! Comment ça petite ?! Puis la phrase parvint à son cerveau. "Normalement tu devrais être mise à mort"... il avait dit devrais... Donc il allait s'arranger pour qu'elle ne soit pas tuée, pour lui infliger la punition lui-même... Elle ne savait pas vraiment si c'était une bonne nouvelle ça... Bon ben elle était piégée là. Elle ne pourrait pas courir avant plusieurs heures et elle se retrouvait avec le neveu du comte... Elle lui était redevable et elle ne pourrai même pas le tuer, parce que sinon elle n'en sortirait pas vivante. Quelque chose lui disait qu'elle était très mal. En plus il avait l'air d'être un sacré numéro... Elle pouvait s'inquiéter hein ? Y'avait de quoi non ?? Il avait l'air de réfléchir très sérieusement.... Bon elle s'occuperait plus tard de sa punition, elle espérait juste arriver vivante là ou elle devait arriver et pour cela elle avait besoin de son autre elle. Elle se devait d'essayer de l'amadouer, pour pas finir violée, ou pire. Blair abandonna à regret ses oreilles et sa queue qui rentrèrent laissant place à un caractère plus féminin et plus... mignon.
C'est toute mignonne, en se tournant de façon à ce qu'il la voie , ses grands yeux comme arrondis par la peur, sa bouche en cœur, ses mains placées de façon à se qu'on la plaigne , qu'elle demanda:

-Merci de m'avoir sauvée... mais que comptez-vous faire de moi ... Je ne vais pas mourir hein...

Et parce qu'elle avait besoin d'une réponse et qu'elle se devait de lui paraitre agréable, au moins pour savoir ce qu'il ferait d'elle... Non en fait surtout parce que c'était son caractère, un caractère trop conciliant, elle rajouta, rougissante:

-... Maitre ?

[Après on continue au château ? (Pas tout de suite hein mais....). Dis... C'est pas les vacances chez toi... ?]

La petite sembla assimiler les informations, et sûrement réalisa-t-elle enfin qu'elle était quelque peu dans la m***e.
En tous cas, elle reprit vite ses esprits et tenta sûrement de l'amadouer, se tournant dans la mesure du possible vers lui pour lui montrer ses grands yeux larmoyants et son visage d'ange, avant de lui demander de sa petite voix :

-Merci de m'avoir sauvée... mais que comptez-vous faire de moi ... Je ne vais pas mourir hein... ... Maitre ?

Akihito ne se gêna pas pour éclater de rire. Il plaisantait à moitié quand il lui avait demandé de l'appeler "maître", mais voilà qu'elle l'avait pris au sérieux. A moins que ce ne soit encore une tentative de séduction. Il fallait dire que dans sa situation, la seule chose sur laquelle elle pouvait compter, c'était bien son charme. Et peut-être que ça aurait pu fonctionner chez certaines personnes, mais pas chez un démon. Quoique chez certains, ça aurait pu avoir un effet, mais sûrement pas celui escompté, et elle aurait sûrement regretté sa piètre tentative.

- Mourir? Hum, qui sait...

Juste histoire de la faire paniquer un petit peu, sinon, c'était pas drôle. Et puis, du coup, peut-être digérerait-elle mieux le sort peu enviable qu'il lui réservait à la place.

- Je plaisante, normalement je devrais pouvoir réussir à faire en sorte que tu gardes ta jolie petite tête sur tes épaules, en négociant avec Tonton. Mais je ne fais jamais rien gratuitement tu sais. En échange de ce double sauvetage de vie, je te demanderai de rembourser ta dette, et cela jusqu'à ta mort.

Et là, il avait bien l'intention de ma laisser mariner dans son jus, histoire qu'elle s'imagine toutes sortes de choses et qu'elle stresse bien jusqu'à ce qu'ils arrivent au château.

- On arrive au village, alors si tu tiens à la vie, fais semblant d'être inconsciente, sinon ils seraient bien capable de nous jeter des pierres, ces gueux! Pigé? Pas un geste, pas un mot!

La gamine eut la présence d'esprit d'obéir docilement, et ils traversèrent la ville sous les regards haineux et soupçonneux, mais sans qu'aucun incident ne se produise. Cependant, il avait pu capter quelques murmures de protestation. Ça ne plaisait à personne qu'il ramène le "monstre" au château.Voilà qui n'allait pas améliorer la réputation d'Akihito. Et encore, les paysans ne savaient pas encore ce qu'il avait l'intention de faire de la jeune fille. Quand ce serait le cas, nul doute que même les rares gueux qui avaient encore un peu de respect pour lui rentreraient dans l'association "anti-neveu du comte" qui se serait créé.
Le jeune homme se foutait royalement de ce que pouvaient bien penser des cul-terreux. Après tout, il n'avait nullement l'intention de reprendre le domaine lorsque le comte ne serait plus en état de le gouverner. Et ce crétin de Stéphane ferait ça très bien. Et il se taperait toutes les responsabilités, la paperasse, les audiences, les famines et les révoltes à gérer, tandis qu'Akihito continuerait à se la couler douce. Mais pour éviter que ce bêta ne se rendent compte du fléau dont il hériterait, il faisait semblant de vouloir lui piquer sa place. Comme ça, l'idiot redoublait d'efforts pour le surpasser - il pouvait toujours rêver sur ce point - et accepterait comme un cadeau la lourde tâche que lui léguerait son père. Et tout le monde serait content, pendant un moment, du moins. Le jeune démon réprima un sourire sarcastique en pensant à son pauvre cousin dont il prenait un malin plaisir à pourrir la vie.

Le château était désormais en vue, et la ville loin derrière. Il se tourna de façon à ce que la gamine puisse apercevoir l'immense bâtisse.

- Voici ta nouvelle demeure, petite. Mais ne t'imagine pas que tu vas y vivre comme une princesse ou je ne sais quelle ânerie de gamine, hein! Enfin, tu pourras au moins t'y faire une nouvelle copine, ajouta-t-il, moqueur. Je suis sûr que tu t'entendras très bien avec Niji... l'esclave de mon cher cousin, précisa-t-il en sortant son sourire le plus ravissant, qui néanmoins cachait mal la signification de sa dernière phrase.
Oui, la petite pouvait commencer à s'inquiéter sérieusement.

Spoiler: